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François Ruffin et Raphaël Glucksmann, entre Amiens et Charleroi, deux visions de l’Europe

Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste pour l’élection européenne du 9 juin avec la vache égérie du Salon de l’agriculture, à Paris, le 25 février 2024.

En janvier, les deux figures montantes de la gauche avaient mis en scène leurs divergences idéologiques à travers un échange épistolaire à fleurets mouchetés. Dans sa missive, le député La France insoumise (LFI) de la Somme François Ruffin avait comparé Raphaël Glucksmann à « une élite qui avance avec arrogance », « inconsciente », selon lui, des ravages de l’Union européenne sur l’industrie, incarnés par les délocalisations, de Whirlpool à Delsey en passant par Goodyear. L’eurodéputé, tête de liste du Parti socialiste (PS) pour l’élection européenne (UE) du 9 juin, lui avait répondu quelques jours plus tard, en lui reprochant ses « approximations » et ses « caricatures ». Deux mois plus tard, à vingt-quatre heures d’intervalle et à 200 kilomètres d’écart, le duo a livré un nouvel épisode de ce duel à distance, sur le terrain cette fois.

Mardi 26 mars, il est 8 h 13 quand Raphaël Glucksmann embarque dans le Thalys qui le conduit en Belgique. Son ami, le président du PS francophone belge Paul Magnette, l’a invité à Charleroi pour visiter une usine locale, fraîchement rebaptisée Wallglass. La Wallonie, comme le nord de la France, a été dévastée par la désindustrialisation, et le taux de chômage y est élevé. Paul Magnette veut montrer que ce n’est pas une fatalité. « Ici, c’est le bon exemple », vante le socialiste belge. La société a été rachetée en octobre 2023 par Pepe Strazzante, ancien ouvrier et militant syndical, spécialisé dans la reprise d’entreprises en faillite. En quelques mois, Wallglass est parvenu à se réorganiser et à orienter sa clientèle automobile vers le haut de gamme. Elle a même réembauché. La société étudie maintenant sa diversification vers l’assemblage de panneaux photovoltaïques.

Stylo à la main, Raphaël Glucksmann prend des notes. « Vous exposez les atouts, mais qu’en est-il des prix ? », s’enquiert l’eurodéputé, conscient que le marché est à 95 % dominé par les fabricants chinois. La société compte sur le règlement européen pour une industrie « zéro net », censé favoriser les énergies propres, complément du « Pacte vert ». Pour Wallglass, le chemin est encore semé d’embûches, mais M. Glucksmann leur promet que les sociaux-démocrates seront au rendez-vous. « Nous ne savons pas exactement ce que cela va donner. Cela va dépendre des élections », jure-t-il.

« Approfondir » l’Union européenne

On visite maintenant les lignes de production : les machines-outils de Wallglass, utilisées dans la conception de pare-brise, sont inventées et fabriquées sur place par des ouvriers maison, une façon de préserver une spécificité face à la concurrence. Ce savoir-faire suscite l’admiration du candidat, qui rêve de rapatrier en Europe l’ensemble des chaînes de valeur. Comme la production de polysilicium, la matière de base des panneaux photovoltaïques, aujourd’hui importée de Chine.

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