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Porsche, constructeur automobile entre deux mondes

La nouvelle Porsche Macan électrique, lors du Salon international de l’automobile de New York, le 27 mars 2024.

L’accélération est si forte que le passager dûment casqué et ceinturé reste collé à son siège. L’estomac se grippe, le rythme cardiaque grimpe en flèche, la chaleur inonde les joues. Sur le circuit Porsche de Leipzig (Saxe, dans l’est de l’Allemagne), le pilote pousse les moteurs électriques de la Porsche Taycan Turbo GT. La tenue de route, point fort de la marque, est irréprochable. L’exploit n’est pas mince. Avec sa batterie de 100 kilowattheures, ce modèle de 1 100 chevaux et de 2,3 tonnes est le plus puissant de toutes les Porsche produites en série de l’histoire.

L’objectif de la coûteuse démonstration, effectuée en marge des résultats annuels, le 12 mars, est clair : montrer à une cinquantaine de journalistes venus de toute la planète que les voitures électriques de Porsche produisent autant d’« émotions » sur la route que la mythique 911, le bolide emblématique et vrombissant né il y a soixante ans. Le moment est soigneusement choisi : le constructeur vient de lancer la version électrique du SUV Macan (lui aussi à l’essai ce même jour), son modèle le plus vendu en 2023 avec la Porsche Cayenne, et qui doit jouer un rôle majeur dans l’électrification de la gamme.

Presque quatre-vingt-treize ans après sa création par Ferdinand Porsche, la firme de Stuttgart se retrouve donc engagée sur une route périlleuse, entre deux mondes antagonistes. D’un côté, il y a le moteur thermique qui a forgé sa légende, et qui reste vital pour son modèle économique. De l’autre, la mobilité électrique qui représente une partie de son avenir et a surtout fait l’objet d’investissements vertigineux : en 2025, 15 milliards d’euros auront été dépensés pour l’électrification de Porsche. Malgré les bons résultats financiers du 12 mars (40 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 7,7 % ; plus de 5 milliards de profits et une marge opérationnelle de 18 %), le moment demeure délicat.

D’autant plus qu’un second dilemme stratégique se fait jour. Les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis pourraient forcer l’entreprise à choisir entre ses deux principaux débouchés, vitaux l’un comme l’autre. Oliver Blume, patron à la fois de Porsche et de Volkswagen, la maison mère, va devoir gérer dans les mois qui viennent une sorte de double « en même temps » aux conséquences potentiellement majeures pour les 42 000 employés de ce fleuron automobile.

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Premier défi : négocier le tournant électrique. Le constructeur, coté en Bourse séparément de Volkswagen depuis l’automne 2022, s’est donné pour mission de vendre 80 % de ses véhicules en électrique d’ici à 2030. Mais une Porsche est-elle une Porsche sans son moteur thermique ? En particulier le six-cylindres à plat qui équipe la 911 − le mythique « flat six » pour les aficionados ?

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