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Les vacances au Maroc trop chères pour les Marocains

Sur la plage de Rabat, le 21 août 2023.

Des vacances au Maroc ? Pour Brahim, c’est « non », sauf quand il s’agit d’aller voir sa famille. Depuis plusieurs années, ce professionnel du cinéma a choisi Tarifa en Espagne pour assouvir sa passion : le kitesurf. « J’y vais avec mon épouse et mon fils au moins deux fois par an. » Il a fait le compte : avec le train de Casablanca à Tanger, le ferry jusqu’en Espagne, l’appartement loué une semaine, la location du matériel nautique, les repas et quelques extras, le séjour lui revient en moyenne à 2 000 euros. « J’ai mes plans et je m’y prends à l’avance pour avoir les meilleurs prix. Si j’allais à Dakhla, ça me coûterait presque deux fois plus cher », explique-t-il.

A plus de 1 500 kilomètres au sud de Rabat, Dakhla, la cité côtière du Sahara occidental, offre des paysages de dunes à couper le souffle et une lagune immense, prisée des kitesurfeurs du monde entier. Mais à quel prix ? Au printemps prochain, il faudra compter 6 000 dirhams (près de 550 euros) pour un vol aller et retour avec deux adultes et un enfant au départ de Casablanca, et au moins 15 000 dirhams pour sept jours dans un hôtel au bord de l’eau.

« Avant même de manger ou de prendre une planche, j’ai déjà dépensé plus qu’en Espagne », insiste Brahim, qui avoue ne pas comprendre la cherté des prix dans une destination promue par les opérateurs touristiques, mais dont très peu de Marocains peuvent profiter.

Comme Brahim, ils sont plusieurs centaines de milliers à se rendre chaque année en Espagne pour leurs vacances. Près de 740 000 en 2019, selon l’ambassade espagnole à Rabat. En hausse de 10 % par rapport à 2018, leurs dépenses étaient estimées à 780 millions d’euros. D’autres choisissent le Portugal ou l’Italie, reliéé depuis Casablanca par une compagnie émiratie low cost.

Le boom des locations alternatives

C’est un paradoxe du tourisme au Maroc. Passer des vacances sur place peut revenir aussi cher, parfois davantage, que de séjourner à l’étranger. Jusqu’à devenir inabordable pour les classes les moins aisées, qui ne peuvent quitter le pays et doivent résoudre le problème de l’hébergement. La faute à une offre insuffisante et inadaptée, selon Mohamed Semlali. « Les ménages veulent des logements spacieux à moindre coût, entre 400 et 500 dirhams la nuit », résume le président de la fédération nationale des associations des agences de voyages.

Le contraste est en effet saisissant entre les habitudes de la « famille marocaine type », qui voyage avec enfants et proches, et les possibilités d’hébergement d’un marché où le prix d’une chambre d’hôtel oscille entre 80 et 150 euros. « Un réel handicap », pointe le consultant en tourisme Zoubir Bouhoute, car il est « impossible de trouver un établissement qui loue une seule chambre pour cinq ou six personnes ».

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