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Des dirigeants de Gazprombank ont discrètement vendu leurs villas françaises après l’invasion de l’Ukraine

Le président de Gazprombank, Andreï Akimov (à droite), avec l’oligarque Alicher Ousmanov, lors d’une rencontre russo-ouzbèque, à Tachkent (Ouzbékistan), le 19 octobre 2018.

Andreï Akimov, le patron de Gazprombank, est l’un des maillons essentiels du régime de Vladimir Poutine. En témoigne sa présence lors de la réunion du 24 février 2022 – jour du déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie –, au cours de laquelle le président russe a exigé d’une quarantaine d’oligarques russes leur « solidarité » avec l’effort de guerre en Ukraine.

Contrairement à la plupart des hommes présents ce jour-là dans la salle Sainte-Catherine du Kremlin, Andreï Akimov a échappé au gel de ses avoirs par l’Union européenne (UE) : le continent ne peut se passer de sa banque pour payer son approvisionnement en gaz russe. Homme prudent, M. Akimov a pris les devants pour se délester, en 2022 et 2023, d’un important patrimoine immobilier qu’il détenait en France, dont Le Monde révèle l’existence, dans le cadre d’une enquête en collaboration avec le média russe iStories.

Des dizaines de documents, issus à la fois de fuites de données confidentielles et de registres publics, permettent de relier Andreï Akimov à quatre villas de prestige, situées sur la Côte d’Azur, en Haute-Savoie et sur l’île de Saint-Barthélemy, dont la valeur d’acquisition dépasse les 20 millions d’euros.

Le financement de ce patrimoine, dans lequel on retrouve une myriade de sociétés offshore, pose la question de l’origine des fonds et d’un éventuel blanchiment. Vendus depuis l’invasion de l’Ukraine, ces biens immobiliers semblent désormais à l’abri d’une éventuelle saisie par la justice, même si la réalité du retrait de M. Akimov interroge : certains des nouveaux propriétaires des villas sont, en effet, liés à l’oligarque ou à l’industrie russe des hydrocarbures.

Sollicité, Andreï Akimov a refusé de répondre dans le détail à nos questions, estimant qu’elles étaient « déraisonnables » et reposant sur des « conjectures ». Il précise également qu’il « se réserve le droit de protéger ses intérêts par tous les moyens légaux disponibles » en cas de publication d’informations « fausses ou diffamatoires ».

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Des biens revendus en dessous du prix d’achat

Les traces d’Andreï Akimov conduisent tout d’abord à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Officiellement, difficile de relier l’oligarque à cette propriété de 1 600 mètres carrés avec piscine et jardin japonais, achetée en 2009 pour 5,5 millions d’euros par une société monégasque nommée SCP Barca. Sur le Rocher, il est impossible d’accéder à l’identité des propriétaires de sociétés civiles.

Mais les documents déposés par le notaire au moment de la vente de la villa, en juillet 2022, listent deux actionnaires dont le nom n’est pas étranger à Gazprombank. Anna Litvintseva, actionnaire majoritaire, présentée comme « retraitée » et « investisseuse privée », est copropriétaire de plusieurs sociétés offshore aux côtés de M. Akimov et de son ex-compagne, Marianna Chaykina, aux îles Vierges britanniques et à Chypre. L’autre actionnaire est Viktor Komanov, membre du conseil d’administration de Gazprombank. Sollicités par Le Monde, ils n’ont pas donné suite.

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