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« La Révolution obligée » : pour une transition écologiquement soutenable

Au moment où la transformation écologique en Europe nourrit le doute et la montée des contestations, il n’a jamais été aussi utile d’avoir les idées claires sur le chemin à emprunter pour surmonter le défi climatique. La Révolution obligée, de David Djaïz et Xavier Desjardins (Allary, 304 pages, 21,90 euros ), tente d’esquisser des pistes pour faire muter nos sociétés vers des systèmes écologiquement soutenables.

Le principal mérite de l’ouvrage consiste à éclairer le débat sans esquiver les contraintes sociales, économiques et géopolitiques, qui sont autant d’obstacles pour réaliser cette transformation de façon harmonieuse. « L’alternative n’est pas entre le mouvement et l’immobilisme, écrivent les auteurs. Elle est entre une révolution écologique obligée mais maîtrisée, gouvernée démocratiquement de bout en bout, ou bien, au contraire, des bouleversements planétaires incontrôlables, désordonnés, aux effets potentiellement bien plus dévastateurs, y compris sur le bien-être individuel. » Reste à savoir comment mener cette « révolution obligée » dans le temps qui nous est imparti, c’est-à-dire la trentaine d’années qui nous reste avant que le point de non-retour ne soit atteint.

Pendant que l’Europe s’enferre dans une réglementation environnementale qui attise le rejet populiste et antiécologique, il n’est pas inutile de regarder comment les autres abordent ce défi titanesque, afin de s’inspirer de ce qui marche avant de l’adapter aux spécificités européennes.

Modèles chinois et américain

La « civilisation écologique » à la chinoise cherche à faire de la transformation un levier de consolidation de son modèle autoritaire et de son affirmation dans le concert des nations. La « réindustrialisation verte » aux Etats-Unis, elle, se présente comme une réponse à la « polycrise », à la fois géopolitique, économique, sociale et démocratique, à laquelle est aux prises l’Amérique de Joe Biden.

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Dans un cas comme dans l’autre, « la question climatique est incorporée à l’imaginaire national, au contrat social, à l’économie politique et aux relations internationales », résument les auteurs. La démarche n’offre aucune garantie de succès, et les impasses sur des pans entiers de la transition écologique sont nombreuses. Mais les deux modèles, chacun à leur façon, ont su créer une puissante dynamique capable de coordonner les instruments d’action publique tout en proposant un récit à leurs populations respectives, condition indispensable à l’acceptation des efforts à fournir.

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Face à ces deux révolutions, l’Europe doit trouver sa propre réponse. Entre le renoncement prôné par les démagogues, qui jouent sur les peurs, et la poursuite des politiques actuelles, qui, à force de réguler et d’interdire, peinent à tracer des perspectives enviables, le livre esquisse une troisième voie sous la forme de l’élaboration d’un nouveau contrat social. Celui-ci reposerait sur trois piliers : un nouvel imaginaire de la solidarité étendu à la nature ; un nouveau pacte de production et de consommation conjuguant choc industriel et accompagnement des plus modestes ; un nouveau mode de gouvernance doté d’une boussole écologique. Une lecture stimulante, à moins de quatre mois des élections européennes.

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