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Ce que les météorites venues de Mars nous apprennent sur son volcanisme

Titre print : La richesse des météorites martiennes

Une très fine lame de nakhlite de 4 centimètres de diamètre. Cette météorite martienne a été trouvée en Egypte, en 1911.

Tenter de comprendre la géologie d’une planète à partir de quelques cailloux, c’est ce qu’une équipe franco-américaine a fait avec des météorites d’origine martienne. Des analyses chimiques très poussées ont pu être menées à l’université de Californie à San Diego sur deux météorites caractéristiques de la Planète rouge. Les chassignites, du nom du village de Chassigny (Haute-Marne) où la première météorite venue de Mars fut trouvée en 1815, et les nakhlites, du nom du village égyptien d’El-Nakhla où cet autre type de météorites a été découvert en 1911, sont de composition différente : les unes sont en olivine, les autres sont basaltiques.

Mais l’étude publiée vendredi 31 mai dans Science Advances permet de leur trouver « une histoire commune », résume Frédéric Moynier, de l’Institut de physique du globe de Paris, qui a participé à cette recherche. La photo, ici d’une très fine lame de nakhlite de 4 centimètres de diamètre, révèle en transparence, et en fausses couleurs, la richesse de sa composition.

James Day, professeur de géosciences, premier auteur de l’article, a traqué au sein du laboratoire de géochimie isotopique de San Diego les éléments hautement sidérophiles – ils ont une affinité pour le fer – contenus dans ces météorites. Il y a identifié de l’osmium, de l’iridium, du ruthénium, du platine, du palladium et du rhénium, autant d’éléments rares sur laTerre.

Surtout, cette étude a permis de comprendre la transformation chimique que ces spécimens, vieux de 1,3 milliard d’années, ont connue lorsqu’ils sont remontés à la surface de Mars à l’occasion d’une éruption volcanique. Issus de la lithosphère, une couche située entre 10 et 100 kilomètres de profondeur de Mars, ils ont été contaminés par les mêmes éléments lors de la cristallisation en remontant vers les couches les plus froides de la planète.

De rares chassignites

Alors que, dans son enfance, Mars était en fusion, le vaste océan magmatique s’est d’abord refroidi sur une fine couche. Selon les auteurs de l’étude, ce sont ces cumulats magmatiques qui ont laissé leur empreinte dans les échantillons analysés. « Il est probable qu’ils aient été ensuite arrachés de la planète, lors d’un même impact, et éjectés dans l’espace, où, attirés par le Soleil, ils ont trouvé la Terre sur leur route », précise Frédéric Moynier. Cet impact aurait eu lieu il y a onze millions d’années.

« Ces résultats sont importants non seulement pour comprendre comment Mars s’est formée et a évolué, mais aussi pour fournir des données précises susceptibles d’éclairer les missions de la NASA telles qu’InSight et Perseverance et la Mars Sample Return », se réjouit James Day dans un communiqué publié par son université. Alors que des débats existent entre spécialistes sur la géologie de Mars, faute de pouvoir l’étudier sur place, Frédéric Moynier estime que le terrain s’éclaircit, « malgré le faible nombre de météorites martiennes recensées », environ 200 dans le monde à ce jour.

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