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Vincent Lindon, l’acteur qui se rêvait président

Un samedi soir, en novembre 2023, à Paris. Vincent Lindon s’est mis au lit tôt, la télé allumée. Il zappe. Tiens, Jacques Attali et Alain Minc, qui n’en finissent plus de tailler leurs légendes d’éminences grises des puissants, sont invités de l’émission « Quelle époque ! », présentée par Léa Salamé sur France 2. L’acteur lâche la télécommande. Attali est venu défendre son dernier roman, Bienheureux soit notre monde (Flammarion), dans lequel il imagine Marine Le Pen en présidente de la République – ce qui n’est pas très original – et Vincent Lindon en candidat à l’Elysée – ce qui l’est un peu plus. « Il y a beaucoup de comédiens qui rêvent de faire de la politique. Je connais un peu Vincent Lindon, je pense qu’il a quelques talents », expose l’ancien conseiller de François Mitterrand. « Quelle question vous lui poseriez ? “Tu y vas ?” », demande Léa Salamé, poussant son invité à jouer à l’intervieweur. « Voilà », répond l’octogénaire, le sourire fin comme une lame.

Dans son lit, Vincent Lindon soupire, à la fois flatté et agacé. Encore un qui se croit autorisé à disserter sur ses supposées ambitions présidentielles… Ça lui apprendra à avoir accepté cette invitation à déjeuner chez Jacques Attali, quelques semaines plus tôt, dans la vaste maison que ce dernier occupe à Neuilly-sur-Seine. Là, assis au milieu des objets d’art asiatique décorant la salle à manger, le comédien, 64 ans, s’est épanché sur son intérêt pour le pouvoir et son désir – ancien – de s’engager en politique.

Président ? « J’adorerais », avouait-il déjà en 2015, dans un entretien vidéo au Monde. S’il avait une ardoise magique, il recommencerait tout, intégrerait « les écoles qu’il faut faire pour être en place » – Sciences Po, l’ENA –, avant d’emprunter « le chemin » de conseiller départemental, député, « pour arriver premier ministre et finalement terminer comme président de la République ». Jacques Attali ne le décourage pas, au contraire : l’ancien haut fonctionnaire adore se faire l’accoucheur des ambitions. Vincent Lindon, juge-t-il, n’est pas plus « clown » qu’un autre. D’autant plus que, depuis 2019, un ancien comédien sans expérience politique, Volodymyr Zelensky, préside aux destinées de l’Ukraine.

« Le seul endroit d’où l’on peut changer les choses »

Le réalisateur Alain Cavalier, vieux complice de Vincent Lindon, s’amuse d’ailleurs à envoyer à l’acteur les portraits que la presse consacre au chef de guerre ukrainien. Amusant, non, cet homme qui interprète un président dans une série télévisée avant de le devenir dans la réalité ? En 2011, Lindon et Cavalier ont tourné Pater, film d’auteur où le comédien joue au premier ministre et le cinéaste au chef de l’Etat, dans un mélange assumé de fiction et de réalité, à l’effet de miroir troublant. Lindon premier ministre y disserte avec conviction sur les dérives du capitalisme et les inégalités, avant que Lindon l’acteur ne se prenne soudain au jeu.

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