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Dans le Gard, des sentinelles pour prévenir le risque suicidaire chez les paysans : « L’agriculture est un monde de taiseux, personne n’ose dire ses galères »

Le Gard a été l’un des premiers départements français à créer, sous l’égide de la préfète Marie-Françoise Lecaillon, un comité de pilotage contre le mal-être agricole et à mettre en place un réseau Agri-Sentinelles. « L’objectif est de coordonner le maximum de forces vives possible et d’outiller, sur le terrain, des volontaires capables d’aider, de repérer, ou de tirer le signal d’alarme pour des situations très inquiétantes. C’est un suivi de vigilance sur notre territoire », explique Sébastien Ferra, le directeur départemental des territoires et de la mer.

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Les sentinelles peuvent être des agents de la Mutualité sociale agricole (MSA), des élus locaux, des conjoints d’exploitants, mais aussi des agriculteurs. « On s’est dit qu’ils étaient essentiels dans cette mission, pour repérer un phénomène de dégradation. Dans la plupart des cas, on est sur le fil du rasoir. Une fragilité peut vite faire basculer l’agriculteur et toute son exploitation dans un engrenage infernal. Ils peuvent sans doute nous aider au travail de repérage. »

En janvier 2023, le Gard forme les premiers volontaires. Un an plus tard, le département dispose de trente-cinq sentinelles sur son territoire et souhaite en former encore quinze autres cette année. Ce dispositif a permis de prendre en charge « 250 agriculteurs dans un accompagnement renforcé », précise Sylvie Soro, chargée de mission à la MSA, pilier de ce comité de pilotage. « La prise en charge est pluridisciplinaire. On peut établir un diagnostic de l’exploitation, proposer une aide au répit en envoyant un ouvrier agricole dans l’exploitation, par exemple, un suivi psychologique, des aides à la reconversion… »

« Réagir en quelques jours, ou en quelques heures »

Le phénomène touche toute la France. Le monde agricole recensait 1,5 suicide par jour en 2016, selon les derniers chiffres publiés par la MSA, avec 529 agriculteurs affiliés qui se sont donné la mort. La mortalité par suicide de ces derniers est supérieure de 30,9 % aux autres actifs. Ils sont aussi nettement plus atteints de dépression (13,6 % des exploitants agricoles et 19,1 % des exploitantes agricoles, contre 6,4 % des hommes et 13 % des femmes, selon la moyenne nationale).

Alors dans le Gard, sixième département le plus pauvre de France métropolitaine, d’après l’Insee, et avec en moyenne deux suicides d’agriculteurs par an, selon la MSA, le réseau de sentinelles est vite devenu une priorité. « Depuis 2012, nous avions déjà une expertise, avec un programme de prévention au risque suicidaire, et nous travaillions avec les hôpitaux de Montpellier et de Nîmes, reprend Sylvie Soro. On ne parle pas que de suicide, c’est le mal-être qu’on veut appréhender. »

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